Il y a trente ans, le 20 mai 1992, naissait El Féres de Groboz... Le premier poulain de l'élevage de Groboz... Cet anniversaire de l'élevage, est l'occasion de faire un retour sur ces trente ans d'élevage et peut être d'entrevoir les perspectives pour les trente prochaines années... Edmond Rovidati venait d'acheter ce qui allait devenir la ferme auberge... mais surtout il avait déjà succombé à ce cheval Barbe et s'activait avec quelques autres à constituer le studbook et ce qui allait devenir l'AFCB... A notre arrivée à Groboz, en 2003, nous sommes tombés amoureux du cheval, de l'élévage où tout le monde vivait dans le même pré... Il y avait aussi Ghafel... et notre idéal de cheval ce trouvait sous nos yeux... Nous avons impulsé à ce qui existait déjà, la forme de l'écosystème, en convertissant les prairies à l'agriculture biologique... Nous avons sans doute développer la collaboration avec à ce cheval nature... En 1995, à El Jadida, c'est la troisième place aux championnats du monde du cheval Barbe avec Baligh de Groboz qui viendra couronner notre philosophie d'élevage... Quels sont les autres défis qui s'ouvrent à nous pour les trente prochaines années ?! en premier, je serais tenté de répondre le nombre insuffisant de naissance de chevaux Barbes... Faut-il augmenter le nombre de juments ou créer un deuxième harem ?! faut-il coopérer avec d'autres élevages ?! sous quelle forme ?! Ce sont les questions auxquelles il appartient de répondre dans un contexte où les enjeux sociétaux vont s'appuyer plus largement sur une agriculture en mutation...
A Groboz, nous élevons les chevaux en respectant scrupuleusement leurs codes qu'ils possèdent et développent naturellement depuis plusieurs millénaires... et nous avons la conviction que cette évolution n'est pas près de s'arrêter... d'autant plus, que nous aurons eu la sagesse de protéger la rusticité dans notre façon de les élever... il n'est pas question de fustiger d'autres élevages plus interventionnistes... tout au plus, espérer que notre modèle incite d'autres élevages à nous suivre dans cette voix... nous ne devons pas oublier que nous ne maîtrisons pas l'existence des chevaux à l'état sauvage... Sur la centaine de poulains qui sont nés en trente ans à Groboz, nous n'avions jamais été confronté au handicap... Majda, la pouliche de Badhia, est atteinte d'une déviation angulaire de type valgus... comme pour un enfant pour des parents, ce sont les pires moments à vivre pour un éleveur... Dans cette situation, vous trouvez aisément des traitements dont une opération chirurgicale... bien sûr, ça commence par une première étape, qui consiste à isoler le poulain et donc sa mère dans un box... bien sûr, ça suggère sans le nommer, de rompre l'équilibre du groupe familial... La tentation est grande... et reviendrait à terme à condamner la philosophie d'élevage de Groboz... alors, nous reprenons notre travail, là où nous avons décidé et savons l'exercer... Nous observons Madja dans sa vie dans le groupe familial... aucune souffrance... aucune exclusion de la part de sa mère, son père et des autres juments... aucun retard dans les déplacements au galop du groupe... Madja est la première à demander le jeu avec Mahera... Nous tracerons son évolution et renseigneront le registre d'élevage de Groboz... ce qui permettra de comprendre si cette malformation congénitale est héréditaire... Nous en ferons profiter les autres élevages via l'IFCE dont l'un des rôles est de centraliser l'ensemble des registres d'élevage de tous les élevages de chevaux français... Madja ne fera pas de poulains... elle ne sera pas montée... elle ne sera pas utile à nos loisirs et plus utile pour son espèce qu'aucun de ses congénères... qui est pour qui se donne la chance d'observer, leur seule raison d'être...
Sans doute la pandémie nous a-t-elle préparé à ce monde d'après si incertain, angoissant et beaucoup plus dangereux. Avec cette guerre en Ukriane, le cynisme brutal d'un dictateur. Il faut lire "La Russie selon Poutine" le livre d'Anna Politkovskaïa, journaliste assassinée à Moscou en 2006, pour mesurer le caractère mafieux et l'inhumanité depuis deux décennies de ce régime qui avait pourtant séduit une partie de la classe politique française et européenne. Le tragique de l'histoire est de retour, avec ce sentiment d'impuissance de l'Occident face à la deuxième puissance nucléaire et au risque d'une troisième guerre mondiale. L'histoire semble se réécrire au moment où les réfugiers Ukrainiens, nous rappellent les images de la seconde guerre mondiale. Que ce soit du coté de maman ou de papa, les deux familles avaient alors, recueillis deux familles de réfugiers, l'une en champagne et l'autre en Franche comté. Groboz recevra donc, si nécessaire, une famille de réfugiers Ukrainiens. Une famille dont le père est resté pour se battre et dont le moins que l'on puisse faire est de mettre en sécurité ses enfants...
Les campagnes électorales ont au moins ce mérite de mettre en valeur des territoire échappant, hors contexte électorale au regard des médias. Le magasine Le Monde a récemment publié un reportage sur les Mauges (Maine-et-Loire), terre de bocage situé entre Nantes et Cholet, mais aussi terre d'égalité, dans un monde d'inégalités croissantes, sans riches ni pauvres, sans chômeurs ni cadres, sans RSA ni ISF, où l'on attend peu de l'Etat, où fonctionnent encore les réseaux familiaux de solidarité, où le dialogue social est certes, teinté de paternalisme mais avec un fort consensus sur la valeur travail, et où le vote populiste est marginal. Une situation qui résulte d'une histoire ancienne, en l'occurrence pour les Mauges par les guerres de Vendée. Dans le même journal, le démographe Hervé Le Bras, auteur du livre "Le grand enfumage - Populisme et immigration dans sept pays européens", expliquait le vote populiste par les découpages géographiques anciens et, notamment pour la France, par cette opposition, qui remonte au haut Moyen Age, entre terres de bocage (à l'ouest et au sud-ouest), engageant plus tardivement la modernisation de l'agriculture, et champs ouvert (nord-est et zone méditerranéenne) avec une population plus concentrée dans les bourgs et les villes. L'auteur corrèle l'important vote populiste dans les campagnes de champs ouvert à une forme de disqualification sociale.
En 2022, nous commémorerons le 500eme anniversaire de la naissance de Joaquim du Bellay, le 400eme de Molière, le 200eme de Louis Pasteur, le 150eme de Louis Blériot, d'Edouard Herriot et de Léon Blum... Proust est mort en 1922, comme Jules Romain et Théophile Gautier, tandis que naissaient cette même année Raymond Devos, Ava Gartner, Gérard Philippe, Boutros Boutros-Ghali, Alain Resnais et Serge Reggiani... Ce 1er janvier, on a soufflé les vingt bougies de l'euro, et on fêtera tout au long des mois, le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens par Champollion et les 150 ans de Sciences Po, mais aussi les 50 ans des premiers essais du TGV et du premier vol d'un avion Airbus, l'A300. Parmi les rares certitudes pour 2022 : le scrutin présidentiel en France, les jeux Olympiques d'hivers en Chine et la coupe du monde de football au Qatar. A moins que cette satanée Covid et ses espiègles variants nous plongent un peu plus dans le flou des incertitudes et cet inconfort psychique qui met en cause cette idée (ou cette illusion!) que l'on a la main sur son destin. Ne nous reste que l'espoir de se dire qu'on y verra plus clair en mai, en septembre (ou à le saint glinglin !), comme on l'a espéré au cours de ces deux dernières années, et ce recours à notre à notre mémoire collective comme pour pallier le flou du futur. Même si Alexis de Tocqueville constatait en 1835, dans "De la démocratie en Amérique" : "je remonte de siècle en siècle jusqu'à l'Antiquité la plus reculée : je n'aperçois rien qui ressemble à ce qui est sous nos yeux. Le passé n'éclairant plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres." Les ténèbres justement... Le film d'anticipation apocalyptique, sur fond d'effondrement des ressources naturelles et de surpopulation. "Soleil vert", sorti en salle en 1973, imaginait la situation en 2022. Pas de quoi nous remonter le moral ! Bonne année, tout de même, et plein de belles surprises pour 2022...
Pierre Rabhi était le symbole de notre époque si pleine de contradictions. « J’ai grandi dans le chaudron de la contradiction, constamment tiraillé entre islam et christianisme, entre tradition et modernité, et entre Nord et Sud », raconte Pierre Rabhi, dans Graines de vies. Né dans l’oasis de Kenadsa dans le Sud algérien, il est confié à un couple de Français après le décès de sa mère. Au moment de la guerre d’Algérie, il débarque en France et travaille comme ouvrier spécialisé. Première déconvenue. Il pense trouver dans cette usine et dans ce pays qui a inventé les Droits de l’Homme et du Citoyen, un lieu d’émancipation. « Quand j’ai vu que ce microcosme trahissait tout ce qu’on m’avait enseigné, ça a été le début de ma toute première insurrection. » Il dévore alors quantité de livres pour mieux comprendre ce monde dans lequel il vit, et tenter de rompre avec cet environnement aliénant. En 1960, il quitte Paris et s’installe dans l’Ardèche, se forme dans une maison familiale rurale et devient ouvrier agricole. « L’agriculture, écrit-il, nous paraissait être l’activité la mieux à même de mettre en cohérence nos idées avec notre mode de vie, et de réaliser cette utopie. » Nouvelle désillusion : il travaille dans une exploitation arboricole et passe ses journées à pulvériser les arbres fruitiers de substances chimiques. Il envisage de quitter l’agriculture quand il découvre le livre, La Fécondité de la terre d’Ehrenfried Pfeiffer, l’un des précurseurs de la biodynamie en agriculture. Il choisit alors de rester dans le métier mais de le pratiquer différemment. Il reprend une terre aride et caillouteuse d’une vingtaine d’hectares autour d’une maison qui menace de s’écrouler. Pendant treize ans, avec sa femme et ses cinq enfants, alors que la banque lui a refusé un prêt de 15 000 francs, il vivra sans électricité, sans téléphone, avec très peu d’eau. Ce déraciné fait néanmoins de ce hameau de Montchamp le lieu de son enracinement. C’est sur cette terre difficile qu’il découvre l’écologie. « L’écologie est arrivée comme ça. En soignant et en respectant un petit morceau de terre pour faire vivre ma famille, j’avais l’impression d’être relié à la terre entière et à tous mes semblables sur cette terre. » Il devient un expert de l’agro-écologie, mondialement reconnu, écrit de nombreux livres, est sollicité de partout, du Maroc au Bénin, de l’Ukraine à la Mauritanie. Juste avant d’être assassiné, Thomas Sankara, le président du Burkina Faso lui demande d’expérimenter ses conceptions agro-écologiques à Gorom Gorom. Les rendements augmentent, la biodiversité est sauvegardée et les sols sont protégés de l’érosion. La princesse Constance de Polignac, qui appartient à l’une des plus nobles lignées de l’aristocratie française, a fait appel au fils de forgeron du Sahara pour transformer sa propriété de Kerbastic en un modèle d’agro-écologie. « De ses propres mains, écrivait son ami, le violoniste Yehudi Menuhin, dans la préface du livre Parole de terre, Pierre Rabhi a transmis la vie au sable du désert, car la vie est UNE, et la féconde transformation bactérienne rend au sable lui-même le don de pouvoir renouveler les espèces. Cet homme très simplement saint, d’un esprit net et clair, dont la beauté poétique du langage révèle une ardente passion, cet homme a fécondé des terres poussiéreuses avec sa sueur, par un travail qui rétablit la chaîne de vie que nous interrompons continuellement. »
Le plan d'investissement France 2030? lancé il y a quelques jours par le chef de l'Etat, fait la part belle aux start-up, notamment autour du triptyque robotique, numérique, génétique pour l'agriculture. Bien évidemment, toutes les techniques facilitant la tâche des agriculteurs ne sont pas à négliger, mais le "tout technologique" à son revers. D'abord, il ne correspond pas à tous les types d'agricultures. De plus, les coûts de ces investissements sont conséquents, avec le risque de ne voir l'agriculture que comme un débouché pour les constructeurs. L'expérience montre le caractère récurrent de la captation de la valeur ajoutée dans l'agriculture, avec ces transferts vers les industries d'amont et d'aval et la grande distribution. Le système technicien, comme l'a montré le philosophe Jacques Ellul, secrète ses normes, ses bureaucraties, ses règles. A l'extrême opposé de cette agriculture 4.0, les initiateurs de l'Atelier paysan, une coopérative qui développe des outils et des équipements (basse technologie) et prône l'autoconstruction, vient de publier le livre "Reprendre la terre aux machines" dénonçant l'industrialisation agricole "qui prend un visage transhumaniste en nous promettant une agriculture par des robots, drones, capteurs et intelligence artificielle", et presque sans hommes car elle mène à des fermes verticales "high-tech", fortes consommatrices d'énergie, ou à ces cultures cellulaires de viandes artificielles, pas forcement en adéquation avec l'objectif d'une alimentation saine, durable et traçable. Au delà des clivages entre diverses conceptions de l'agriculture, ces enjeux ne méritent-ils pas un débat ? Il ne s'agit pas de faire le procès du progrès, mais de mesurer les impacts sociaux et économiques avec pour but de sauvegarder cette relative part d'autonomie de l'agriculteur qui donne sens à ce métier. Il y a quarante-trois ans, le promoteur de la génétique animale en France, Jacques Poly, publiait un rapport marquant, "Pour une agriculture plus économe et plus autonome", et très actuel.
Origine Le cheval barbe est un cheval propre au nord de l’Afrique, issu d’un cheval sauvage domestiqué et qui y vivait depuis plusieurs dizaines de milliers d’années. Ces confirmations sont basées sur des études paléontologiques et sur des analyses d’ADN. Cette origine est renforcée par les gravures et peintures rupestres qui existent sur le sol de l’Afrique du nord depuis la Libye jusqu’au Maroc. Ces inscriptions représentent la domestication d’un cheval ayant les caractéristiques morphologiques du cheval barbe actuel. La présence du cheval barbe en Algérie et au Maghreb en général remonte à la plus haute antiquité où l’homme et son cheval ont bâti ensemble une riche civilisation. Appelé cheval de Barbarie par les Romains il y a plus de 2’000 ans, le Barbe a toujours été élevé par les tribus nomades (de la Libye au Maroc en passant par la Tunisie et l’Algérie) et depuis longtemps en France. Physiquement très endurant et supportant sans peine toutes les privations, il quitta très tôt les pays du berceau de race pour rayonner en Italie, Espagne et France sous la selle de guerriers mal connus, désignés sous le nom de « Barbares » qui fut aussi attribué aux chevaux barbes. Ce sont les grecs qui pour désigner déjà les populations de l’Afrique du Nord utilisent le mot «Barbaros», ce qui signifie tout ce qui est «non grec ou étranger» ; ce terme repris par les Romains puis par les Arabes a donné ultérieurement les vocables de Barbare, barbarie, barbaresque, berbère puis beaucoup plus tard les Français l’on nommé tout simplement «Cheval Barbe». Particularités du Cheval Barbe - La cinquième lombaire Plusieurs publications anatomiques précisent que le cheval barbe n’a que cinq vertèbres lombaires au lieu de six comme les autres chevaux.